Ces lendemains de premier tour des régionales ont été l’occasion d’une grande effervescence dans la blogosphère démocrate et antidemocrate.
Chacun y va de son appréciation sur ce qui doit changer ou pas, sur les causes de notre plantage, sur les responsabilités de nos dirigeants, sur notre stratégie.
J’ai bien evidemment, en bon internaute que je suis, participé aux échanges sur la blogosphère et c’est dans l’un de ces lieux de débats qu’un des intervenants m’ a assimilé à l’ « un des derniers grognards de Bayrou ».
Les grognards étaient les soldats les plus experimentés et surtout les plus fidèles à Napoleon. Je ne pense pas que l’experience et la fidelité soient des tares, bien au contraire. Je ne peux vraiment me prévaloir d’une grande experience mais je pense être quelqun d’assez loyal et fidèle.
Cela m’a amené à repondre à mon interlocuteur que sur certains aspects c’était effectivement pertinent et que je revendiquais ma loyauté vis à vis des personnes ou des idées que j’appréciais.
Dans l’esprit de mon contradicteur , j’imagine que la comparaison avait pour but de mettre en avant un comportement idolatre de ma part vis à vis de Bayrou, complètement découplé de la réalité du personnage.
Selon lui, les gens comme moi seraient complètement à côté de la plaque et soutiendraient François Bayrou sans raisons objectives de le faire.
Je reconnais que la question est interessante car elle m’oblige quelque part à formaliser les raisons de mon soutien à cet homme malgré les défaites électorales successives, ses erreurs, les problèmes internes au mouvement, les critiques incessantes tant internes qu’externes, les defections…Bref toutes ces raisons qui ont servi de justifications à toutes ces personnes qui ont quitté le mouvement parfois avec fracas.
Parmi les reproches principaux souvent entendus: François Bayrou n’ a pas de ligne cohérente car lors des municipales c’était alliance à droite ou à gauche en fonction des villes, lors des régionales l’autonomie absolue, lors de la presidentielle un non soutien à Sarkozy sans pour autant soutenir Royal…
Je rejette ce reproche car finalement quel a été l’objectif de François Bayrou en créant le MoDem ? Créer une structure non inféodée à l’un des deux grands blocs qui pourrait faire travailler en son sein des gens talentueux d’origines politiques diverses pour le bien du pays.
Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de l’ampleur de la tâche: Débarasser les citoyens et les politiciens d’une logique de confrontation bloc contre bloc, droite contre gauche qui a cours depuis 50 ans si on se limite à la Veme république voire 200 ans si on se rappelle l’origine de ces notions de droite et de gauche… Cette logique a formaté des générations de citoyens depuis des dizaines et des dizaines d’années…
Si elle a pu avoir un intérêt à une époque, aujourd’hui cette logique nous empeche de trouver les solutions intelligentes aux problèmes actuels auxquels nous sommes confrontés.
C’est un objectif titanesque qu’il s’est assigné là et si je devais faire une comparaison avec un autre domaine afin d’appuyer mon propos, je ferai un parallèle avec l’alpinisme.
Notre objectif en tant que démocrates est élevé comme le sommet d’une montagne.. Seulement là, il ne s’agit pas du Galibier ou du Mont Blanc, c’est de l’Everest qu’il s’agit.
Nous sommes comme ces alpinistes des temps jadis qui cherchaient à être les premiers à atteindre un sommet.
Avant qu’une equipe arrive enfin à planter son drapeau au sommet de l’Everest, combien d’autres ont essayé et ont échoué parfois au prix de leur vie….
Avant d’espèrer atteindre un tel objectif, il a fallu étudier quel face se pretait le mieux à cet objectif et une fois un choix fait à ce niveau, il a fallu qu’ils trouvent une voie en étant parfois obligés de rebrousser chemin et chercher une autre voie quand la première envisagée s’averait finalement impraticable…
Parfois même ils devissaient et il ne devaient qu’à leur corde et au soutien des autres membres de la cordee de ne pas s’écraser dans la vallée… Mais finalement une équipe y est parvenue et d’autres ont suivi apres…
Et bien, nous sommes dans le même cas de figure , nous avons choisi de nous attaquer à un objectif énorme et pour ce faire, nous devons tatonner et essayer différentes voies en esperant trouver le passage étroit vers l’objectif.
Lors des municipales, la tentative consistait à s’allier au coup par coup avec des gens en fonction de leurs qualités et leurs valeurs, plus que de leur etiquette politique.
Cette logique là n’a pas eu l’efficacité escomptée et a donné une image brouillée du mouvement. Nos dirigeants ont alors tenté une autre approche qui consistait à partir sous nos couleurs pour être un peu plus identifiables idéologiquement parlant. Malheureusement, des erreurs (le fameux échange avec DCB et une trop grand nationalisation du scrutin européen) nous ont fait dévisser à 8%.
Alors qu’ont fait nos dirigeants ? Ils ont conservé et accentué la logique d’autonomie absolue du mouvement en favorisant l’emergence de candidats nouveaux, en prenant garde d’éviter les coups d’éclats et en privilégiant l’aspect régional de ces élections…
Malheureusement, cette voie là s’est également montrée impraticable, à la fois pour des raisons liées à notre organisation interne ainsi que pour des raisons de climat délétère (Defections multiples amplifiées par une mediatisation complaisante, manoeuvres politicardes internes et externes de destabilisation, défiance généralisée des Français vis à vis des politiques en général, attitude des médias)… Là aussi nous avons severement dévissé mais la cordée a malgré tout tenu bon, nous permettant de pouvoir repartir à l’assaut de la montagne….
Alors bien sûr, nous avons perdus des plumes dans ces tentatives mais une ambition élevée implique généralement des risques élevés.
Sans compter que nous sommes dans un cas de figure où les mouvement politiques principaux et leurs alliés n’ont absolument aucun intérêt à ce que nous réussissions car cela les priverait de la rente de situation que leur assure le bipartisme droite-gauche (un coup c est toi, un coup c’est moi mais au final, on profite tous les deux du gateau).
Donc non seulement nous nous attaquons à une montagne immense et abrupte, mais en plus des confrères bien intentionnés ont fait en sorte de placer sur notre route toutes sortes de chausse trappe et de peaux de bananes afin de nous empecher de réussir.
Alors bien sûr, il aurait été beaucoup plus facile de se mettre sous la protection d’un des deux gros blocs, nous aurions alors eu des élus, des alliés pour nous défendre, voire même une certaine complaisance de la part des médias… Mais le prix que nous aurions dû payer, c’était le renoncement à nos idéaux et à nos valeurs.
Beaucoup ont fait ce choix (et dans le lot un bon nombre de ceux qui nous ont laché). Mais par contre, bien peu ont accepté d’assumer les risques qu’impliquait la volonté de s’attaquer frontalement à ces forces immenses virtuellement coalisées.
Parmi ces fortes âmes qui ont accepté ce risque, il y a François Bayrou…
Alors bien sûr, il n’est pas parfait , il a des défauts (peut être les défauts de ses qualités) et il lui arrive de commettre des bévues (et parfois des grosses) mais il est le SEUL actuellement à avoir accepté de payer le prix élevé qu’implique la fidélité à ses idéaux et ses valeurs… Rien ne lui est épargné: Coups bas, attaques directes, quolibets , insultes, remises en cause venant parfois de l’intérieur même du mouvement, provocations…
Rarement un homme politique a été attaqué à ce point…On en arrive à un point où actuellement même un Le Pen subit moins d’attaques que François Bayrou…
Il est etonnant que des gens à l’interieur même de notre mouvement ne se posent pas la question du pourquoi un tel acharnement contre quelqun qui est annoncé comme fini depuis des mois et des mois…
La réponse est pourtant évidente: Les tenants de la politique droite/gauche ont bien senti la menace que pouvait faire peser un homme de la trempe de François Bayrou sur leurs petits intérêt personnels et partisans…
Beaucoup d’hommes, à la place de François Bayrou, auraient depuis longtemps abandonné le combat en demandant grâce mais lui encaisse tous les coups, depuis des jours, des semaines, des mois, des années… Malgré cela, il est toujours debout et il défend inlassablement ses convictions… nos convictions… dès qu’il en à l’occasion et la possibilité…
Et quels remerciements reçoit il de la part de certains à l’intérieur même du mouvement ? Des reproches, des remises en cause , des appels à la demission de la part de pleurnichards qui trouvent que c’est vraiment trop méchant qu’on ne les consulte pas tous les quatres matins pour leur permettre de choisir la couleur du papier toilette au siege du MoDem ou qui expriment leur souffrance intérieure de ne pas avoir été reconnus à leur juste valeur…
Tous ces gens là ne subissent pas le centième de ce que doit subir le président de notre mouvement dans cette lutte pour une société plus humaine mais au lieu de le soutenir dans cette épreuve, ils en rajoutent encore une couche supplémentaire. Je trouve cela profondément injuste, c’est pourquoi je réagis aujourd’hui.
Alors oui mesdames et messieurs les donneurs de leçon de tous poils, je soutiens François Bayrou et je continuerai à le soutenir…
Et oui, je revendique mon statut de « grognard de Bayrou » car je trouve que c’est un homme politique admirable tant par sa vision d’une grande justesse de l’état de notre société que par l’ abnégation qu’il démontre tous les jours en encaissant tous les coups qui lui sont assénés.
Le grognard que je suis est prêt à le suivre sur les pentes escarpés de cette montagne immense pour le soutenir et trouver enfin cette voie qui nous menera au sommet… Et si finalement nous échouons et que nous nous retrouvons au fond du ravin, au moins aurons nous essayé…
C’est maintenant plus que jamais que François Bayrou a besoin de nous alors soutenons le de toutes nos forces et gardons la foi en nos valeurs et en nos idées.